Le blog de Stéphane Gouret

6 août 2010    interactivité · technologies   

Publié par Stéphane Gouret

Open Design ?

Lift France 2010
L’édition 2010 de LIFT France (co-animation Lift/Fing) qui s’est déroulée à Marseille les 6 et 7 juillet 2010, a eu pour thème « Changer le monde (réel) par le Web !”. Plusieurs déclinaisons de ce sujet furent proposées : la révolution des données partagées, la nouvelle science des données, les nouveaux gisements d’innovation et de participation dans les données publiques (avec la remarquable intervention d’Hugues Aubin de Rennes Métropole), people hack : distribuer le pouvoir d’agir, maîtriser la complexité (avec une autre intervention remarquable, celle de Manuel lima sur la visualisation des informations)… Ce sera la session sur les FabLabs et la conception des objets de demain qui aura retenu particulièrement mon intention, abordant, une fois n’est pas coutume, le lien entre produit, production et conception.
Matt Cottam de l’agence américano-hollandaise Tellart aura ouvert le bal sur le sujet avec la présentation d’une expérimentation fine et créative des moyens offerts par le recyclage de matériaux, les possibles finitions rudimentaires de ces matériaux et leurs marquages permettant différents modes de personnalisations. l’hybridation des objets par la miniaturisation des composants avec de simples capteurs Arduino aura également fait mouche, ouvrant sur des perspectives de personnalisation des objets par leurs utilisateurs (notion d’open design).
MattCottam2L'art du "data-craft", par Matt Cottam

L'art du "data-craft", par Matt Cottam

Jean-Louis Fréchin et Uros Petrevski de l’agence NoDesign n’auront pas été aussi convaincants, malgré un exposé maîtrisé. Leur papier peint interactif ne semble pas faire véritablement avancer la réflexion sur l’industrialisation de demain : leur approche de la personnalisation apparaît trop théorique (ni modèle économique ni prototype du wallpaper à réalité augmenté n’étaient au rendez-vous, dommage) et demeure dans des modèles déjà observés.
Amit Zoran, doctorant au MIT Media Lab, a présenté un travail de recherche intéressant sur les objets mixtes, mélant tradition, culture et numérique, comme sa guitare Caméléon dont l’acoustique peut évoluer à la fois physiquement et numériquement, ou Cornucopia (Corne d’abondance), une étonnante imprimante 3D alimentaire, rendant tangible la perspective réjouissante d’une gastronomie numérique collaborative et en réseau. A suivre de près.
Cornucopia2Cornucopia, d'Amit Zoran (MIT Media Lab)

Cornucopia, les nouvelles pratiques alimentaires d'Amit Zoran (MIT Media Lab)

Adrian Bowyer, professeur à l’Université de Bath (Royaume-Uni),  a ensuite démontré, s’il en était encore besoin, la dimension visionnaire du projet Reprap dont il est le concepteur. A souligner l’absence de Reprap dans un seul pays industriel, le Japon : que faut-il en penser ?… L’intervention de Bowyer aura été en tout cas une parfaite introduction à celle pourtant convenue d’Haakon Karisen Jr, présentant l’indéniable réussite du FabLab Norvégien qu’il dirige et de son modèle économique, ouvrant par là le débat d’un premier Fablab en France.
Plusieurs projets sont en effet aujourd’hui en chantier (Paris, Aix, Nantes…) en France et il faut s’en réjouir. Le Fablab, s’il peut s’avérer être un modèle difficile à suivre partout, n’en demeure pas moins une source de réflexion pour fédérer à l’échelle d’un territoire, de multiples acteurs (écoles, associations, collectivités, entreprises…) autour de la mutualisation de moyens techniques et humains de production propres à chacun.
Les Fablabs français ne devront pas se contenter d’être de simples ateliers de prototypage, ils devront être des espaces de partage d’expériences locales, pleinement ouverts sur le monde entier.



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Tags: interactivité · technologies

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