Le blog de Stéphane Gouret

2 mai 2010    green · interactivité · mobilités et transport   

Publié par Stéphane Gouret

Les bonnes intentions du design prospectif

Mazda Souga, où l'art du transfert fumeux

Mazda Souga, où l'art d'un transfert marketing fumeux

J’ai déjà ici évoqué comment le design produit s’ouvrait peu à peu aux opportunités d’innovation (voire de réinvention) que lui offrait les outils et les méthodes du monde virtuel et de l’industrie numérique (voir article sur le design démocratique). En revenant sur le dernier concours de design organisé par le salon automobile de Los Angeles, le concept présenté par l’équipe Californienne du design du constructeur nippon Mazda tire l’œil, il faut bien le dire.

Souga (c’est son petit nom… Faudrait penser à récompenser un jour les équipes marketing qui nous pondent les noms de voitures… Je ne sais pas à quoi ils carburent, mais c’est sûrement pas en vente libre !) a été imaginé en réponse aux attentes de la génération Y et des suivantes en matière de transport automobile à l’horizon 2030. Bon, si on est honnête, on a bien du mal à croire qu’en 20 ans, Mazda serait capable de mettre en œuvre un tel principe, tant nos fabricants de chignoles peinent déjà à réinventer leurs produits en profondeur (allez donc en parler à Iron Man : quand il quitte sa panoplie de super-héros, le bougre ne trouve pas mieux que de se déplacer dans une vulgaire Audi…). Mais bon, les intentions d’un concept sont en principe toujours louables.

Pour le positif : un système de co-design virtuel entre l’acheteur le constructeur et une conception low-cost dans l’esprit de la Citroën Cactus. Pour le dubitatif : une carrosserie en composite souple et durable (ben voyons) qui se découvre, à l’image de l’incroyable BMW Gina Concept, et permet aux 2 passagers d’accéder à bord. Autre approximation conceptuelle : La base de la Souga ne coûterait que 2000 $ environ pour deux ans (c’est à dire un niveau de prix que même Tata ne parvient pas à atteindre en Inde avec une Nano…), auxquels se rajouterait le coût de l’énergie (électrique bien sûr) sous la forme d’un abonnement mensuel, à l’instar de nos forfaits téléphoniques. Notez bien que Mazda nous vend le rêve de changer de voiture comme on change de téléphone portable, en rapportant tous les deux ans sa voiture avant de repartir avec une neuve.Vous avez dit durable ?

Et c’est là où le bât blesse : considérer qu’il suffit de transposer un modèle économique réputé juteux d’un produit à un autre relève de l’escroquerie intellectuelle. Et en l’occurrence, la démarche me conforte dans l’idée qu’avec des démarches de conception aussi superficielles,  la durabilité de nos ressources demeure bien incertaine.

Souga se dévoile…

Souga se veut écologiquement irréprochable : n'est-elle pas qu'une réponse peu responsable du design aux enjeux de la durabilité des ressources ?

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Tags: green · interactivité · mobilités et transport

5 commentaires

  • 1 Tweets that mention Les bonnes intentions du design prospectif -- Topsy.com // mai 2, 2010 at 11 h 08 min

    [...] This post was mentioned on Twitter by Stephane Gouret. Stephane Gouret said: Quand les designers dessinent le futur avec les lunettes du passé http://bit.ly/a0FggJ #design #prospective [...]

  • 2 La Revue du Design » Blog Archive » Design à voir, lire ou écouter… // mai 8, 2010 at 1 h 06 min

    [...] 24/ « Les bonnes intentions du design prospectif », un court article critique de Stéphane Gouret sur les effets d’annonce du design automobile, prenant pour exemple le concept présenté par l’équipe Californienne du design du constructeur nippon Mazda à l’occasion du dernier concours de design organisé par le salon automobile de Los Angeles (via creartivity.lecolededesign.com). [...]

  • 3 Cath // juin 22, 2010 at 15 h 22 min

    Bonjour,
    En arrivant sur votre blog, j’avoue que j’ai été bluffée par l’esthétique de la voiture… je serais encore plus étonnée si elle pouvait rouler !
    Ceci étant, je suis totalement d’accord avec vous. Concevoir une voiture qui a 2 ans de durée de vie, à l’heure actuelle, c’est aller contre le sens de l’histoire. En tant que consommateur, mon rêve serait surtout une voiture tellement bien profilée qu’elle pourrait consommer 1 litre aux 100. Mais l’avantage marketing de créer la voiture « kleenex»  est évident.
    Merci pour cet article, accessible même à la béotienne que je suis et bonne journée.

  • 4 stephane GOURAY // juil 11, 2010 at 10 h 43 min

    que de belles courbes !!!
    bonjour a l’auteur de cet article

  • 5 patepize-online // sept 21, 2010 at 12 h 33 min

    Lire le blog en entier, pretty good