Le blog de Stéphane Gouret

5 juillet 2008    Social · mobilités et transport · technologies   

Publié par Stéphane Gouret

Reconnaissance faciale biométrique

BMW nous promet sur ses futurs modèles haut de gamme l’intégration d’une caméra infrarouge de reconnaissance biométrique. Une fois que nous serons assis derrière le volant, notre visage sera scanné, reconnu et différents réglages personnalisés seront actionnés : siège, rétroviseur, colonne de direction, stations de radio préférées. Le constructeur ne nous en dit guère plus si ce n’est qu’il travaille à la fiabilité et robustesse du dispositif. C’est la moindre des choses… On imagine que le système permettra également de contrôler le démarrage, d’adapter des réglages de suspension, de température, d’ambiance lumineuses, bref, les applications seront nombreuses.

La police des frontières britannique teste actuellement dans les aéroports londoniens, un dispositif de contrôle automatisé des passeports biométriques des citoyens de la zone économique européenne. Un dispositif qui présente bien sûr quelques contraintes : interdiction de sourire (c’est rare dans ce genre de situation…), d’ouvrir la bouche ou d’apparaître devant un fond autre que blanc. Ca va encourager le flegme… L’évolution de la puissance des microprocesseurs rend possible cette technologie, mais la reconnaissance faciale est un exercice délicat en matière de biométrie. Si la reconnaissance d’une empreinte digitale ou d’un iris ne pose guère de problème (les motifs sont facilement enregistrables et reconnaissables), un visage est plus difficile à cerner : problème d’éclairage, de vieillissement, d’expression, de modification de la pilosité, de cicatrice… La fiabilité devra être totale pour éviter bien des situations kafkaïennes…

Au-delà de la performance technologique (vous aurez noté, c’est BMW qui s’y colle, pas Dacia ou Tata Motors…), on peut s’interroger sur les dérives sécuritaires et totalitaires d’un tel dispositif. La CNIL va avoir du pain sur la planche ! Car après l’accès aux entreprises, aux cantines scolaires et aux bibliothèques publiques (déjà opérationnel) nous voici rendus aux passeports et aux bagnoles. Le système sera rapidement étendu à la maison, aux comptes bancaires et aux postes informatiques.

On pourrait bien concevoir un programme de remise en forme individualisé en fonction de l’état de fatigue qui apparaitrait sur notre visage ou en fonction des kilos visiblement pris… A terme, votre voiture vous engueulera parce que vous ne serez pas rasé, votre self vous interdira l’accès aux desserts parce que votre cardiologue l’aura dit, votre maison vous électrocutera parce que vous tenterez une intrusion après une soirée arrosée qui aura mis à mal votre teint parfait de quadra sup’…

Le progrès étant le meilleur ami de l’homme depuis que l’Eden a disparu sur Terre, BM arrivera bien à nous fourguer ses caisses physionomistes. Tant mieux si c’est pour éviter de trimballer une clef qui nous perce les poches de pantalons et tant mieux si c’est pour simplifier au final l’accès aux systèmes d’autopartage qui se développent actuellement en zones urbaines et qui mettront fin à terme à la propriété automobile. Mais notre fournisseur d’accès à internet a déjà du mal à faire fonctionner correctement une ligne téléphonique, notre banquier n’arrive déjà pas, grâce à sa plateforme informatique dernier cri, à transférer notre chéquier d’une agence à une autre… La reconnaissance faciale biométrique risque fort d’ouvrir des autoroutes à bien des litiges.

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Tags: Social · mobilités et transport · technologies